top of page

Cadeau l'intro de Chatsworth Creek


CHATSWORTH

CREEK

L’amour ne meurt jamais

La haine non plus

ROMAN

On ne sait jamais sur quoi ouvre une porte avant de l’avoir ouverte et d’en avoir franchi le seuil. Il est des fois où ne pas la pousser est un salut. Jack Sanders, le nouveau propriétaire de celle que l’on appelle ici la maison de la colline aurait dû le savoir. Cet homme venait de nulle part. Il est arrivé là par une belle journée de septembre avec sa femme. Ils étaient beaux tous les deux, elle avec son ventre arrondi par une grossesse naissante, lui radieux, heureux de s’isoler. C’était un beau couple, ils se donnaient la main, leurs yeux brillaient, c’est sûr ils étaient amoureux, heureux d’être là, ensemble. Les gens du pays disaient qu’il était écrivain. Mike Holligam notre agent immobilier me le confirma plus tard. Un homme peu causant d’après lui. Cette maison, la maison sur la colline était mienne avant. Comme Jack Sanders j’y étais venu par une belle journée d’été. Comme lui j’y étais venu avec ma femme. Sanders aurait dû savoir… Il aurait fallu que quelqu’un lui explique, lui raconte, le mette en garde. Les portes fermées dont on ne possède pas la clef ne sont pas bonnes à ouvrir. Ses histoires en sont pleines, je le sais parce que j’ai lu ses livres depuis. Peut-être était-ce à moi de lui dire. Peut-être aurais-je dû aller le trouver là-haut sur la colline, un pack de bières à la main. On se serait installés sous le porche sur les vieux sièges achetés chez Pitt. Ouais, je serais monté là-haut, on aurait discuté, fais connaissance, puis lorsque la nuit serait venue, lorsque les ombres se seraient étirées, je l’aurais emmené sur le petit sentier envahi par les broussailles. On serait montés jusqu’à la ruine et je lui aurais montré la porte et l’aurais mis en garde. Il méritait de savoir. Tout le monde ici savait... Mais personne ne parle chez nous, pourtant nous savions tous que ce pouvait être dangereux pour lui, d’autant que les portes de l’imaginaire, celles qui l’emmènent là où il écrit, pouvaient l’exposer plus encore...

SEPTEMBRE

1

Janice m’avait acheté un petit porte-clef — une tête de bébé avec un petit anneau — et dans l’état dans lequel je me trouvais ce jour-là, je ne pouvais trouver plus beau cadeau. C’était juste avant de partir, elle me l’avait glissé dans la main en me disant que c’était pour notre nouvelle vie alors que nous montions à bord de notre voiture. Je me souviens de notre départ comme si c’était hier. Le temps était maussade, un vent chaud soufflait sur New York, les arbres se tordaient sous les rafales du vent et les premières feuilles commençaient à s’en décrocher. C’est le genre de chose qu’on remarque du coin de l’œil et que l’on n’oublie pas, elles commençaient à avoir une légère teinte orangée et volaient pour venir s’échouer mollement sur la pelouse et les allées. Je me disais que la route allait être difficile avec ces foutues rafales, en tout cas jusqu’à ce que le vent disparaisse, parce qu’il me semblait évident que nous ne l’aurions pas tout au long des 2800 miles, et si ça me rassurait (je n’ai jamais été un gros rouleur), j’étais déjà fatigué à l’idée de parcourir autant de bornes. C’est Janice qui avait insisté pour que nous prenions la voiture. C’était l’occasion de nous détacher de tout, de traverser le pays comme deux étudiants rentrant à l’université après les grandes vacances...

À l'affiche
Posts récents
Par tags
Nous suivre
  • Facebook Classic
  • Twitter Classic
  • Google Classic
bottom of page